Troubles du comportement alimentaire : pourquoi les vacances peuvent être une période difficile ?

par Céline Casse

Troubles du comportement alimentaire : pourquoi les vacances peuvent être une période difficile ?

 

Les troubles du comportement alimentaire, aussi appelés troubles des conduites alimentaires (TCA), ne prennent pas de vacances. Au contraire, la période estivale peut s’avérer particulièrement éprouvante pour les personnes concernées. Changement de rythme, pression sociale, perte de repères : l’été vient parfois amplifier l’anxiété, la culpabilité ou encore certains comportements alimentaires problématiques. Ce qui est perçu comme une période de relâchement pour beaucoup peut devenir une source de tension, voire de rechute, pour d'autres.

Ce qui rend cette période particulièrement complexe, c’est qu’elle est souvent entourée de symboles positifs : liberté, insouciance, plaisir, légèreté. Or, pour une personne qui vit avec un trouble du comportement alimentaire, ces symboles peuvent se transformer en injonctions silencieuses à faire semblant, à sourire malgré tout, à cacher sa souffrance. Le contraste entre l’image attendue des vacances et la réalité intérieure peut alors devenir douloureux.

 

Pourquoi l’été peut-il aggraver les troubles du comportement alimentaire ?

 

Les vacances sont souvent idéalisées : on les associe à la détente, aux moments conviviaux, au repos bien mérité. Mais pour une personne souffrant d’anorexie, de boulimie, d’hyperphagie ou d’un trouble alimentaire non spécifié, cette période peut venir bousculer un équilibre déjà fragile.

Tout d’abord, l’absence de routine peut être déstabilisante. Les horaires changent, les repères alimentaires disparaissent et les repas deviennent plus imprévisibles. Cela peut générer une perte de contrôle, ou à l’inverse, une rigidité accrue. Certaines personnes se sentent contraintes de participer à des repas où les choix alimentaires sont limités, ou bien culpabilisent à l’idée de devoir manger « comme tout le monde ». Cette perte de maîtrise de l’environnement peut devenir anxiogène et raviver les symptômes.

Les moments festifs en groupe — comme les barbecues, apéritifs, pique-niques — sont aussi des situations à forte charge émotionnelle. Ces repas partagés, souvent informels, peuvent être source d’angoisse face à la nourriture ou aux regards des autres. Pour une personne souffrant de TCA, le simple fait de devoir manger en présence d’autrui peut représenter une épreuve, d’autant plus si les interactions sociales manquent de sensibilité.

À cela s’ajoute la pression sociale omniprésente autour du corps. L’été, les messages liés au "summer body", les comparaisons physiques sur les réseaux sociaux ou les remarques bien intentionnées sur l’apparence peuvent nourrir un mal-être profond. Se mettre en maillot de bain ou simplement porter des vêtements plus légers peut devenir un calvaire pour celles et ceux dont la perception du corps est altérée par un trouble alimentaire. Cette hyperconscience du corps accentue la souffrance psychique.

Un autre facteur souvent sous-estimé est l’hyperaccessibilité des aliments pendant les vacances. Buffets à volonté dans les hôtels, pauses glaces ou goûters imprévus, sorties au restaurant... Tous ces éléments, anodins pour beaucoup, peuvent représenter des situations très stressantes pour quelqu’un qui lutte chaque jour avec sa relation à la nourriture. Le risque de crise ou de compensation est alors accru.

Il ne faut pas non plus négliger le regard des autres. Pendant les vacances, on croise parfois des proches que l’on ne voit pas souvent, des amis d’enfance, de la famille éloignée. Ces retrouvailles, bien qu’agréables en apparence, peuvent également donner lieu à des commentaires sur le corps, le poids, l’appétit ou le comportement alimentaire. Même formulés avec humour ou tendresse, ces mots peuvent raviver des douleurs profondes.

Enfin, l’été est parfois synonyme d’isolement. Les thérapeutes peuvent être en congés, les groupes de parole en pause, et certaines structures de soins fermées. Sans accompagnement, la sensation de solitude peut s’intensifier. Et si l’on ajoute à cela l’organisation des vacances, les déplacements, ou la cohabitation familiale, la charge mentale peut devenir difficile à supporter. Certaines familles peuvent aussi ne pas comprendre la fragilité de la personne concernée, ou minimiser son trouble, ce qui amplifie le sentiment d’incompréhension.

 

Comment se préserver pendant les vacances quand on souffre de TCA ?

 

Chez StopTCA, nous accompagnons toute l’année les personnes concernées par les TCA. L’été n’échappe pas à cette mission, car c’est souvent dans ces moments de transition que les besoins d’écoute et de soutien sont les plus cruciaux.

Une des premières choses à faire est d’anticiper les situations difficiles. Se préparer à l’avance, que ce soit sur le plan alimentaire ou émotionnel, peut permettre de mieux vivre les moments redoutés. Il peut s’agir de discuter avec ses proches de ses besoins spécifiques, d’élaborer ensemble des stratégies pour rendre certains repas plus confortables, ou de se fixer des limites claires. Prendre soin de sa santé mentale passe aussi par la création d’un cadre sécurisant, même en dehors du quotidien habituel.

Cela peut aussi passer par des actions concrètes simples : préparer ses repas à l’avance, emporter des collations rassurantes, noter ses émotions dans un carnet pour éviter l’accumulation. Certaines personnes trouvent utile de se fixer une intention pour la journée, ou de pratiquer une courte routine bien-être le matin, même en vacances.

Il est aussi essentiel de maintenir un lien thérapeutique. Même si vous partez, la majorité de nos praticiens StopTCA assurent des rendez-vous en visio pendant tout l’été. Vous n’avez donc pas à choisir entre vacances et suivi thérapeutique. Au contraire, ce lien régulier peut constituer un ancrage essentiel pour garder le cap. Il est parfois plus facile de parler à un professionnel que à ses proches, surtout lorsque ceux-ci ne comprennent pas toujours la complexité du trouble.

L’été peut aussi être l’occasion de ralentir. Ce n’est pas parce que tout le monde semble hyperactif qu’il faut suivre ce rythme. Il est possible — et légitime — de prendre du temps pour soi, de faire des pauses, de dire non à certaines sollicitations. S’offrir des moments de calme, se reconnecter à la nature, à la lecture, à la musique ou au simple plaisir de ne rien faire peut devenir un vrai acte de soin. On oublie trop souvent que le repos est une composante essentielle du rétablissement.

Certaines activités peuvent d’ailleurs devenir thérapeutiques en elles-mêmes : écrire, marcher, peindre, écouter des podcasts apaisants. Ce sont autant d’espaces de respiration qui permettent de se reconnecter à soi sans contrainte de performance. Ces moments peuvent aussi renforcer l’estime de soi et redonner un sentiment de sécurité intérieure.

Enfin, il est important de se rappeler que votre valeur ne dépend pas de votre apparence. Votre corps mérite le respect, tel qu’il est. L’été n’est pas une vitrine. Ce n’est pas à vous de vous adapter aux injonctions extérieures, mais à l’environnement de devenir plus bienveillant. Rester fidèle à ses besoins profonds, même si cela signifie déplaire ou décevoir les attentes sociales, est un geste de protection.

 

Et si on traversait l’été autrement ?

 

Et si, au lieu de subir les injonctions estivales, on décidait de faire de cette période un temps pour soi ? Pas pour guérir à tout prix, ni pour tout résoudre, mais pour avancer d’un pas. Loin du bruit, l’été peut devenir un espace de recentrage, une respiration.

Cela peut passer par un premier rendez-vous avec un professionnel spécialisé, une lecture inspirante, une discussion sincère avec un proche, ou même par l’engagement à s’accorder un peu plus de douceur. Il n’y a pas de petite victoire : chaque pas vers soi compte. Vous pouvez aussi profiter de ce temps pour faire le point sur votre parcours, vos émotions, vos limites, et poser les bases de vos besoins pour la rentrée.

Et si vous en avez l’énergie, pourquoi ne pas écrire une lettre à votre vous futur·e ? Pour vous rappeler que vous avez tenu, que vous avez traversé l’été, que vous méritez douceur et bienveillance. Cela peut devenir un rituel personnel qui redonne du sens à cette période.

Chez StopTCA, nous restons disponibles tout l’été. Notre équipe pluridisciplinaire est là pour vous accompagner, vous écouter, et vous aider à vivre cette période au mieux, sans pression supplémentaire.

 

FAQ – TCA et été

 

Est-ce que les TCA empirent forcément en été ?

Pas nécessairement. Certaines personnes peuvent au contraire se sentir plus apaisées loin du stress quotidien. Mais pour d’autres, les vacances bouleversent des repères essentiels et peuvent raviver les symptômes. Chaque parcours est unique. Le plus important est d’écouter ce que vous ressentez, sans culpabilité.

Comment expliquer à mes proches que l’été est difficile pour moi ?

Vous pouvez utiliser des phrases simples comme : « J’ai un trouble alimentaire, et certaines situations sont compliquées pour moi. Ce n’est pas contre vous, c’est pour me protéger. » Vous pouvez aussi partager des ressources pour les aider à comprendre ce que vous traversez. La clé est d’oser poser vos limites, même si cela peut créer de l’inconfort temporaire. Vous avez le droit de choisir ce qui est juste pour vous.

Puis-je démarrer un accompagnement pendant les vacances ?

Oui, bien sûr. La plateforme StopTCA reste ouverte tout l’été. Vous pouvez consulter un psychologue, un·e diététicien·ne ou un autre professionnel en toute confidentialité, à distance, et à votre rythme. Il n’y a pas de moment parfait pour commencer : l’été peut justement être l’occasion d’initier un nouveau départ, avec plus de souplesse.

 

Vous n’êtes pas seul·e

 

Si vous sentez que cette période réveille ou renforce certaines difficultés, cela ne signifie pas que vous régresser. C’est le signe que vous avez besoin de soutien, et c’est légitime. Prendre soin de vous peut commencer maintenant. Il n’est jamais trop tôt — ni trop tard. Osez tendre la main, osez demander. Vous avez le droit d’être accompagné·e, écouté·e, et respecté·e.

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